Ca se passe à Lorient !

Zone Mortuaire, de Kelt et Ricardo Montserrat, publié chez Gallimard, un roman soi-disant noir, qui n'est ni noir ni policier, ni rouge ni gris, plutôt roman social, d'un genre inachevé et assez décevant.

L'intrigue, qui se déroule à Lorient, dans le Morbihan, se penche sur l'histoire de Clémence, infanticide, et ouvrière dans une usine de poissons.  Alcoolique, "au bout de sa vie", elle habite en haut d'une tour d'un quartier assez tartignole — Kervé — et espère le retour de sa fille, témoin de l'assassinat de son frère...

Quant à la grand-mère, reléguée dans une maison de retraite et meurtrière de son époux, elle en veut à sa petite fille d'avoir eu une mère peu respectable, qui a fait le malheur de son fils.

A cela se mêlent un îlotier un peu rondouillard et une avocate un peu snob...

Une sombre machination, qui n'a de sombre que le nom, se développe autour de Clémence, qu'un rien met dans les 36 èmes dessous. A tel point qu'elle ne reconnaît pas sa fille quand celle-ci, décidée à se venger de sa mère et de son arrière grand-mère, vient la voir sous une identité et une apparence qu'elle ne pouvait soupçonner... Quoique elle aurait dû s'apercevoir de la mystification tant celle-ci est grossière, surtout après la discussion sur le bateau.

D'enquête policière il n'y en a pas, excepté si on considère les quelques réflexions faites par l'îlotier et les quelques éclaircissements jetés à la face du lecteur — de la lectrice — parfois dans une confusion assez totale. 

Si vous ne connaissez pas Lorient, vous serez assez vite perdu... Sans réclamer un plan de la ville, on s'étonne de voir les auteurs sauter d'un quartier à l'autre comme si ça allait de soi.

Pour un Parisien c'est un peu comme si les personnages allaient du Sacré Coeur à la tour Montparnasse en descendant une simple ruelle... ou pour un Marseillais de se rendre d'un seul bond court et rapide des quartiers nord au Vieux Port...