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29 juillet 2020 3 29 /07 /juillet /2020 16:42

Paul Féval, auteur français du XIXème siècle, né à Rennes, et surtout connu pour avoir écrit Le Bossu, dont on a tiré plusieurs films — l'un avec Jean Marais et Bourvil ; l'autre avec Daniel Auteuil, Vincent Pérez, Fabrice Luchini — est à mon avis un monument de la Littérature, même si le temps a un peu enfoui ce monument sous le feuillage de l'oubli.

 

 

Paul Féval

Paul Féval

Tout comme Alexandre Dumas, ou Eugène Sue, Féval est un romancier populaire, un feuilletoniste, dont l'oeuvre variée et foisonnante, nous entraîne à la fois dans l'Histoire et dans les endroits plus ou moins sombres ou lumineux qui brodent et font cette même Histoire.

 

Après avoir terminé La comtesse de Charny, d'Alexandre Dumas, qui clôturait le cycle Les mémoires d'un médecin, je me suis attaquée à Les Habits noirs, de Paul Féval (dont j'avais déjà lu ce fameux Le Bossu, La ville vampire (également intitulé Anne Radcliffe contre les vampires), ainsi que Les mystères de Londres).

Ce qui différencie peut-être Féval de Dumas, c'est que le premier est certainement moins historien que le second et aussi que le premier a une façon de raconter, de brosser des portraits et des situations qui me rappellent souvent la manière d'écrire de Michel Audiard. Cette plume incisive et pleine d'humour pince-sans-rire, d'ironie non exempte de tendresse, de mélanges improbables dans les descriptions, de curieux foisonnements... qui me laisse ébahie. 

 

En disant ça je ne renie point Dumas dont je suis une véritable fanatique, je dis simplement que, pour d'autres raisons, car Dumas sait aussi "faire de l'humour" et montrer le bout de son nez ironique... je suis également une véritable fan de Féval !

 

Je me plais dans le roman populaire de cette époque... Plutôt que Balzac ou Hugo dont je ne nie pas le talent, je préfère Dumas et Féval pour leur manière de raconter des histoires, pour ce mélange de langage soutenu et populaire, pour cet argot parisien et parfois provincial, qu'ils osent mettre en scène, pour leurs personnages hauts en couleurs, aux noms et à la dégaine souvent très imagés !

Paul Féval, un monument de la littérature !

Pour finir, j'ai choisi de partager deux extraits de Les Habits noirs, roman fleuve de plus de 2000 pages chez Bouquins : 

 

Extrait n°1 :

"Etes-vous de ceux qui croient encore aux physionomies professionnelles ? Chez nous, en France, plus que partout ailleurs la physionomie des états est morte. J'ai habité une maison du Marais où le concierge prenait le titre de "conservateur". Il allait au cercle. Au cercle, on l'appelait major. Sans exagérer, il avait l'air pour le moins, d'un ancien écuyer du Cirque Olympique. Je dis ancien, les nouveaux n'ont plus d'air.

 

Les notaires ont résisté longtemps, plus longtemps que les avocats, plus longtemps que les avoués ; ils n'ont cédé qu'à la terreur d'être pris pour des greffiers. Je connais un homme superbe et pareil à un dieu de la fable ; sa prestance étonne les populations ; sa chevelure éclate comme la neige ; vous diriez au bas mot un druide en habit noir. C'est un notaire. Je connais un homme plus dur que le fer, aiguisé, affilé, capable d'user la pierre du rémouleur, vivant scalpel qui saigne, ampute et taille dans l'intérêt des familles avec tout le sang-froid de Dupuytren ou de Jobert. Ce couteau est également notaire. Je connais un troisième notaire doux, onctueux et même gluant qio a me parfum d'un sac de bonbons endommagé par l'humidité ; un quatrième notaire, naïf et bon jusqu'à croire à son "collègue" ; un cinquième, au contraire, sceptique, ravagé, veuf de ses illusions, un libre penseur du notariat, doutant de sa cravate et blasphémant la déesse Authenticité. Cela fait cinq bourgeois qui pourraient être aussi bien majors comme conservateur de concierge."

 

Extrait n°2 :

 

"Dix heures sonnant, Gondrequin-Militaire poussa un cri aigu auquel M. Baruque répondit par un chant de coq. Aussitôt tous les caporaux imitèrent le gloussement de la poule. C'était à faire illusion. Plusieurs rapins lancèrent la note douce et monotone qui est l'appel d'amour du crapaud au printemps. Mlle Vacherie, qui avait plus d'un talent, imita la chanson du corbeau dans les montagnes solitaires ; son oncle, le Patagon, renifla comme un âne entier ; le directeur des singes savants chanta La Marseillaise, Similor aboya, Echalot miaula, Saladin, le misérable enfant, exhala des plaintes déchirantes, tandis que l'Albinos, ôtant sa filasse blanche, déclamait le récit de Théramène avec un haut accent méridional. Par-dessus ces livres soli, la grande voix de l'atelier Coeur d'Acier s'éleva, reproduisant tous les bruits de la nature et de la civilisation, depuis le grincement de la scie jusqu'aux cris de canards, qui firent jadis la réputation de Tempé."

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