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J'ai gardé plusieurs manuels scolaires ayant appartenu à mes aïeuls, dont un Cours de géographie - Afrique, Asie, Océanie - écrit par l'abbé Dupont, (Librairie Ch. Poussielgue, 15, rue Cassette, Paris.)
Rédigé conformément au programme de 1890, il était destiné aux élèves de 3ème.
J'ai choisi de partager dans cet article quatre extraits assez significatifs :
1 - L'Afrique, qui demeure plongée depuis tant de siècles dans les horreurs de la plus affreuse barbarie, fut pourtant la première éducatrice des peuples européens; une civilisation grandiose s'épanouissait déjà dans la vallée du Nil alors que l'Europe, couverte de forêts et de marécages, n'était encore habitée que par de misérables tribus sauvages. L'Egypte communiqua à la Grèce le flambeau des sciences et des arts, que Rome emprunta plus tard aux Grecs pour en éclairer à son tour les peuples de l'Empire occidentale. — Mais, avant de devenir la maîtresse du monde, Rome fut longtemps tenue en échec par une ville africaine, Carthage, cité maritime et commerçante fondée par des marchands tyriens. Après une lutte héroïque de 120 ans, au cours de laquelle elle mit plus d'une fois sa rivale à deux doigts de sa perte, Carthage succomba et fut détruite de fond en comble. Toute la région de l'Atlas fut conquise et divisée en provinces. Les Vandales s'en rendirent maîtres au V° siècle, puis les Arabes musulmans (VII° et XI° siècle)n qui en firent un centre de piraterie jusqu'à la conquête de l'Algérie par la France (1830).
(...)
L'état libre du fleuve orange (130 000 kilom. car.) compte environ 80 000 blancs; les noirs, au nombre de 130 000, appartiennent à la grande famille des Betchouanas. Ces malheureux ont été violemment dépossédés de leur sol, déclarés incapables de posséder un pouce de terrain, et privés de tout droit politique. Ils sont domestiques et manoeuvres au service des Boers. — La capitale de l'Etat, Bloemfontein (3400 h.), passe pour une des villes les plus salubres de l'Afrique méridionale.
La république Sud-Africaine (315 000 kilom. car.) renferme près de 120 000 blancs et environ 560 000 noirs, Matébés, Betchouannas et Zoulous, divisés en nombreuses tribus. — La capitale est Pretoria (5000 h.)
2 - Empire chinois
Deux mots d'histoire. — 1° Les origines de la Chine se perdent dans la nuit des temps; mais la période vraiment historique de cet empire, plus de quarante fois séculaire, remonte à l'an 2 200 avant Jésus-Christ. Durant ce laps de temps, une quinzaine de dynasties ont occupé successivement le trône du "Fils du Ciel"; celle qui règne aujourd'hui ne date que du commencement du XVII° siècle (1616). — Grâce à sa situation et au mépris superbe que le Chinois affecte pour tout ce qui est étranger, la Chine a vécu dans un isolement à peu près complet jusqu'au milieu du XIX° siècle. Les Européens en soupçonnaient à peine l'existence, lorsque, à la fin du XIII° siècle, le voyageur vénitien Marco Polo, qui l'avait visitée, la révéla à l'occident; mais sa relation, toute véridique qu'elle fût, renfermait des choses qui parurent si étranges et si merveilleuses, qu'on la considéra comme un roman. Les cinq siècles suivants n'ajoutèrent que peu de chose aux renseignement de l'illustre voyageur.
(...)
La Chine, limitrophe de la Russie sur des milliers de kilomètres, ne ressemble guère à sa puissante voisine que par son étendue. Là, toutes les terres fertiles sont cultivées jusqu'à la dernière motte, et nourrissent une population exubérante; mais il s'en faut que les richesses minérales, la houille en particulier, dont la Chine possède d'immenses dépôts, soient exploitées avec la même activité. Momifiés dans les bandelettes d'une civilisation vingt ou trente fois séculaire, où le formalisme étroit d'une étiquette minutieuse tient trop souvent lieu de vertu, habitués à ne voir dans les étrangers que des barbares, les Chinois se sont montrés, jusqu'au milieu de notre siècle, réfractaires à toute idée de progrès. Cependant, ils commencent à se familiariser peu à peu avec les inventions modernes; ils possèdent des bateaux à vapeur, des télégraphes, des fusils et des canons perfectionnés. Les peuples chrétiens auront-ils longtemps à s'applaudir de ce progrès, qui pourrait bien se retourner contre ses promoteurs ? L'avenir nous le dira. En attendant, les mêmes nations qui ont forcé la Chine à leur ouvrir ses portes, se croient obligés de prendre des mesures contre l'invasion pacifique des ouvriers et des marchands chinois.
Published by Agnès Lambert
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